Le PSH ne sait plus comment détourner les électeurs des classes populaires de l'extrême-droite. Malgré toutes les manifestations, les cris d'orfraie, les sarcasmes, les accusations de racisme, de poujadisme; rien n'a fait reculer le parti de jean-marie Lahenne. Comble de l'ironie, c'est après un quinquennat jugé très honorable que le candidat PSHogon à la présidentielle de 2002 a du s'effacer devant l'adversaire honni. Après avoir vainement tenté de jeter une opprobre moralisatrice sur le parti extrêmiste, il fallait essayer autre chose. Le secrétaire national aux études Alain Bourdesloue s'est donné pour objectif de donner aux militants les éléments pour une offensive politique convaincante. L'analyse du Laboratoire d'Etudes Politiques Indépendantes et de Communication Extra-terrestre (LEPICE) montre que le pari est raté.

Le LEPICE critique d'entrée une erreur de stratégie. Tout le rapport semble reposer sur la croyance qu'il suffit d'exhiber les failles du programme du FNH pour en détourner les électeurs. Un tel simplisme est d'une naïveté consternante. Les intellectuels/étudiants du PSH attendent la conclusion en 20ème page pour énoncer doctement "il faut savoir que l'état de désespoir de certains milieux les rend de plus en plus insensibles à l'argument moral". Inutile donc de sauter comme un cabri en criant au loup raciste et xénophobe. On s'en doutait un peu, merci, après 20 ans d'échec de cette stratégie. Mais nos intellectuels/étudiants ont une botte secrète "il faut savoir méthodiquement exploiter les failles très nombreuses de son programme". Eureka, bien sûr, les électeurs insensibles à la morale ne resteront pas insensibles à la logique de nos professeurs. Il suffit juste qu'ils prennent le temps de lire 21 pages pour être convaincus des méfaits potentiels du FNH.

S'il suffisait qu'un programme de gouvernement soit intenable pour détourner les électeurs, beaucoup d'élections hexagones auraient connu d'autres résultats, à commencer par la présidentielle de 1981. Les électeurs ne sont pas forcément d'accord avec l'ensemble des propositions de ceux pour qui ils votent et ils savent même parfois que certaines ne sont probablement pas réalisables. Ils ne sont pas idiots. L'alchimie des motivations du vote populiste est un domaine complexe que nos intellectuels/étudiants se gardent bien d'aborder. Pourquoi certains électeurs votent-ils pour le Front National ? Jamais ils ne se posent la question. Comment peut-on espérer les convaincre si on ne se donne ni la peine de les comprendre, ou même de commencer à les écouter ? La leçon du 21 avril 2002 n'a semble-t-il pas incité les intellectuels/étudiants à sortir de la rue de Solférino.

Le LEPICE dénonce ensuite le ton polémique et idéologique du rapport. Alors qu'on était en droit de s'attendre à une analyse factuelle, argumentée et solide, le texte se contente d'aligner paresseusement de longs extraits du programme du FNH. Certaines des propositions du FNH sont exécutées en quelques lignes souvent sans autre démonstration qu'une série d'affirmations sommaires, avec un ton suffisant, moralisateur et parfois manipulatoire qui retombe dans le travers inefficace de l'anathème. Le rapport n'est semble-t-il destiné qu'aux gens déjà convaincus des nuisances du FNH. La psychologie sociale semble être inconnue des intellectuels/étudiants du PSH. Il parait bien difficile de se servir de leur travail baclé pour aller à la rencontre des électeurs perdus du FNH. On peut même craindre un effet contreproductif, et un nouveau renforcement de l'engagement des électeurs FNHogrades dans leurs convictions critiquées maladroitement.

Le LEPICE déplore enfin que le rapport ne mentionne pas la lutte contre la corruption, et laisse implicitement ce cheval de bataille au FNH. Le PSH semble mal à l'aise sur ce terrain comme l'a une fois de plus démontré l'épisode judiciaire d'Alain Droitebotte où Arnaud Saint-Just s'est retrouvé bien seul (1). Après avoir refusé de réclamer la haute Cour de Justice pour le président Girouette, les hésitations du PSH à dénoncer ce système laissent à penser que le parti PSHogon n'a pas encore tiré un trait sur le passé des affaires.

(1)Voir articles :
"Je ne voterai plus jamais pour un menteur" sur http://joueb.com/orthogonales/news/23.shtml
et "Alain Droitebotte pas encore hors-course pour 2007" sur http://joueb.com/orthogonales/news/24.shtml