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Pour résister aux délocalisations, la productivité au secours de l'emploi ?
--> Quelle réponse aux sophismes des idéologues néolibéraux ?

Les pays riches d'Orthogon sont très perturbés par la croissance forte des pays en voie de développement. De nombreuses industries y délocalisent leurs usines. Certains services y sont également déplacés comme les centres d'appels. L'offshoring concerne même des services à haute valeur ajoutée comme le développement de logiciels. Certes, on peut se réjouir de voir d'autres pays commencer à connaître la croissance et voir leur niveau de vie augmenter. Il n'en demeure pas moins que l'inquiétude est là : les emplois disparaissent dans les pays riches d'Orthogon. Heureusement les idéologues néolibéraux ont une solution : il faut améliorer notre compétitivité en augmentant la flexibilité et la productivité...

Les Etats-Unis d'Amerigon connaissent actuellement une croissance record et pourtant quasiment sans création d'emploi. Un paradoxe au royaume de la flexibilité. A tel point que l'offshoring devient un sujet politique important de leur campagne présidentielle. Les pays d'Eurogon commencent aussi à s'inquiéter de leur début de désindustrialisation. le président lui-même s'en est ému et a plaidé pour un grand plan d'action...

Les idéologues néolibéraux ont été appelés à la rescousse pour justifier tant bien que mal les vagues d'externalisation dans les pays pauvres. Il invoquent la théorie des avantages comparatifs censée garantir l'utilisation optimale des capitaux et la création maximale de richesses. Chaque pays doit selon cette théorie faciliter les échanges en abaissant fortement ses barrières douanières et se concentrer uniquement sur les activités où il possède un avantage compétitif. Le remède de nos Diafoirus modernes : les pays riches doivent se concentrer sur les activités à haute valeur ajoutée comme les bio-technologies, les OGM, les nano-technologies et les technologies de dernière génération. Si ce n'est bon pour la satisfaction des besoins humains, ça l'est en tout cas pour celle des investisseurs !

Encouragés par ces idéologues, de grands responsables d'entreprises estiment qu'il faut accroître la productivité et la flexibilité pour résister à la compétition internationale, et travailler plus, pour générer plus de richesses (consommables et solvables bien sûr). Suivons leur raisonnement. Si on ne fait rien, la compétition ruinera nos entreprises et détruira nos emplois. Il faut donc accroître la flexibilité pour que les entreprises puissent embaucher et débaucher simplement. Il faut surtout augmenter la productivité pour produire au plus bas coût, c'est-à-dire avec le minimum de travail humain (sauf s'il n'est vraiment pas cher). Enfin, puisqu'il faut bien se résigner à garder quelques salariés, il faut que ceux-ci travaillent un maximum afin de ne pas avoir à créer trop d'emplois.

Donc, pour créer des emplois, il faut d'abord créer de la richesse qui viendra de la combinaison de l'augmentation de la flexibilité, de la productivité et de la durée du travail qui chacune détruisent des emplois, ou la sécurité de l'emploi. Brillant non ?

Continuera-t-on longtemps à accepter leurs sophismes ?  Il ne s'agit que de la version modernisée de la fameuse promesse non tenue "Les investissements d'aujourd'hui sont les profits de demain et les emplois d'après-demain". Certes les promesses néolibérales sont mensongères et constituent un jeu de dupes, facteur de croissance des inégalités entre les insiders et les outsiders du système. Mais la dureté et l'apreté de la concurrence internationale est une réalité, la disparition d'entreprises qui ne peuvent pas y résister est un fait. Chacun voit qu'il est possible aujourd'hui de créer plus de richesses (économiques) sans créer d'emploi. 

Que peut-on faire pour changer cela, au lieu de pousser des cris d'orfraie et de bondir comme des cabris en criant égalité, fraternité ?  Dénoncer les sophismes libéraux ne suffit plus. Il nous faut construire un programme réaliste pour bâtir un autre monde utopique.
Quelles sont les activités d'avenir qui créeront des emplois utiles ?
D'où viendra la création de richesses ?
Comment saurons-nous les répartir équitablement si la compétition touche également la fiscalité ?
Comment éviter que la course à la croissance ne fasse des dégats irrémédiables à l'environnement de notre planète ? (à suivre ...)

Ecrit par Alain-Omar Chen sur Orthogon, le Samedi 21 Février 2004, 11:01 dans la rubrique "ATTAC/ACRAO".