AOC : Olivier Slogancelot, vous avez accepté de prendre volontairement du politinabis (1) avant de répondre à cette interview. Pourquoi ?
OS : Tu peux me tutoyer Alain-Omar. Je dis ce que je pense, avec ou sans politinabis. C'est pourquoi je n'aurai pas besoin de relire ou d'amender ton interview.

AOC : A quoi sert l'alliance entre la LOH et la LCRH ?
OS : Notre alliance est le ferment de la recomposition de la gauche. Elle préfigure son second pôle révolutionnnaire avec lequel le pôle socialiste, j'allais dire social-libéral, va devoir discuter sérieusement s'il veut revenir au pouvoir.

AOC : Est-ce que tu ne cours pas le risque de faire perdre la gauche, en refusant de donner des consignes de vote ?
OS : Nous ne donnons pas d'ordre à nos électeurs. Si les PSHOgons n'offrent pas de perspective et d'espoir aux électeurs qui soutiennent notre alliance, ils n'ont qu'à s'en prendre à eux-mêmes.

AOC : Est-ce que la gauche et la droite c'et pareil pour toi ?
OS : Non, bien sûr. La Droite est bien plus brutale. Elle supprime les emplois sans anesthésie et à la hache. La gauche dit qu'elle ne peut pas tout, anesthésie les travailleurs, avant de laisser supprimer leurs emplois par le patronat. L'anesthésie ne marche plus.

AOC : Tu proposes l'interdiction des licenciements. Est-ce que c'est réaliste ?
OS: Avant de nous accuser, regarde la réalité en face camarade. Aujourd'hui, certains patrons déménagent leurs usines la nuit et transfèrent leurs profits dans des paradis fiscaux. Le réalisme des partis de gouvernement consiste à laisser le renard se servir dans le poulailler en expliquant aux poules et aux dindons que la main invisible du renard optimisera l'allocation des ressources. Notre réalisme c'est de faire cesser la scandaleuse répartition des profits qui s'est opérée au profit du capital et au détriment des salaires.

AOC : Est-ce que tu veux véritablement arriver au pouvoir ?
OS : Oui, mais pas à n'importe quelle condition, pas au prix du reniement de nos convictions comme l'ont fait certains anciens LCRHoskistes en passant au PSH. Nous voulons le pouvoir pour un véritable changement pas pour un accompagnement à reculons du capitalisme ultra-libéral.

AOC: Que réponds-tu à tes anciens camarades PSHogons affirmant que l'extrême-gauche est d'un autre siècle et rétrograde ?
OS : Ils ont une idée obsolète de notre mouvement . Nous venons de modifier nos statuts et d'abandonner l'idée périmée de la dictature du prolétariat. Les PSHogons eux n'ont pas tiré les leçons d'avril 2002. Ils ont reconduit la direction perdante lors de leur dernier congrès. Ce sont eux qui sont du siècle dernier. Les ex-LCRHoskistes du PSH feraient mieux de consacrer leur énergie à la création d'idées neuves.

AOC : Les PSHogons vous accusent aussi de faire le jeu de la droite en refusant le front unique ?
OS : L'hypocrisie et la schizophrénie sont à leur comble. Laurent Ferrari a baissé les impôts sur les revenus et il critique aujourd'hui la Droite qui fait la même chose, en pire. Ils caricaturent nos positions pour effrayer leurs anciens électeurs déçus. En fait, ils ont peur de perdre leurs postes actuels et de ne pas retrouver les palais de la république en 2007. C'est ce qu'ils appellent le vote utile, utile pour leurs élus. Nous, nous n'avons rien à perdre comme les millions de chômeurs et de précaires que nous défendons et dont le sort a empiré durant les années où les PSHogons étaient au pouvoir. Ca fait plus de 20 ans que ça dure et ça suffit. Nous ne serons plus les supplétifs d'un PSH qui n'a rien compris et rien changé à ses positions.

AOC : Donc tu acceptes bien le risque de faire gagner la droite aux élections de 2004 ?
OS : La Droite est notre ennemie et mène une politique de régression sociale sans précédent que nous combattons. Mais l'alternative n'est pas le PSH actuel. La belle affaire si le PSH perd quelques régions ou quelques députés européens. Nous savons que les élections décisives pour l'alternance seront en 2007. Si d'ici là le PSH n'a pas entrepris une révolution programmatique, il perdra aussi ces élections comme en 2002. On est très loin du compte pour l'instant. Les élections régionales et européennes sont l'occasion d'un électro-choc pour la gauche. Nous allons montrer que la gauche ne peut pas gagner sans une refondation qui prenne en compte nos propositions. L'heure du bi-partisme n'a pas encore sonné. Nous allons créer un 2ème pôle de gauche. D'autres nous rejoindront.

 (1) Voir article : "La pharmacie au secours des politiciens orthogons" sur http://joueb.com/orthogonales/news/21.shtml