A une semaine du premier tour des régionales, la liste d'extrême-gauche LOH-LCRH affiche un niveau d'intention de vote voisin de 7,5%, en dessous du seuil des 10% nécessaire pour se maintenir au second tour. Comment ces électeurs se reporteront-ils au second tour sur les listes du PSH et de ses alliés, alors que la LCRH et LOH ont annoncé qu'elles ne donneraient pas de consignes de vote ? Le LEPICE a choisi ce moment pour remettre le rapport sur les relations entre l'extrême-gauche et le PSH que François Mimolette lui avait commandé (cf. 1).
Le rapport juge sévèrement la position actuelle du PSH vis à vis de l'extrême-gauche et fustige tout particulièrement l'attitude des PSHogons défroqués issus du LCRH. L'appel du PSH à voter utile dès le premier tour est, selon le LEPICE, une faute lourde...

...Cet appel est en contradiction totale avec une des leçons tirées du 21 avril, à savoir la nécessité du dialogue avec toute les composantes de la gauche politique, associative et syndicale. La prétention hégémonique du vote utile dès le premier tour augure mal du dialogue futur et renforce la méfiance vis à vis du PSH. La référence au 21 avril pour inciter les électeurs à ne pas disperser leurs votes est jugée manipulatoire et mensongère. Il suffit de 10% au PSH pour être présent au second tour. Il n'y a donc aucun rapport avec l'élection présidentielle où seuls les 2 candidats arrivés en tête participent au second tour.

Pour le LEPICE, les critiques du PSH sur le caractère irréaliste et démagogique du programme de l'extrême-gauche sont inutiles, inefficaces et contre-productives. Elles sont inutiles car les électeurs qui y seront réceptifs auraient de toute façon rejoint le PSH après l'égarement protestataire du 21 avril. Elles sont inefficaces car elles s'adressent à un électorat qui ne croit plus aux dirigeants politiques qui ont gouverné la France depuis plus de 20 ans, sans apporter de réponse à leurs problèmes. Ces critiques sont enfin contre-productives car elles ne sont pas accompagnées de propositions réellement nouvelles. Elles sont donc interprêtées comme une ruse de la part de politiciens cherchant à préserver leurs positions. Elles renforcent ainsi la conviction de ceux qui sont attaqués.

Les interventions des PSHogons issus de l'extrême-gauche sonnent terriblement faux. Leur ton soi-disant fraternel masque mal la peur de voir leurs anciennes formations ultra-marginales acquérir un réel pouvoir d'influence. Leurs appels comminatoires au front unique contre la droite apparaissent comme un chantage sans concession. Leurs critiques sur le caractère surrané du trotskisme de 1917 sentent elles-même la naphtaline. Pire que tout, aucune de leurs positions ne parait réellement sincère. Tout semble découler d'un calcul cynique de la meilleure stratégie possible pour désamorcer la dynamite électorale d'extrême-gauche. Aucune écoute réelle, aucune volonté de comprendre les motivations des électeurs de LOH et de LCRH. Du calcul politicien sans âme, désséché par les luttes pour le pouvoir, les manipulations de couloir et l'ambition personnelle.

Le PSH semble renouveler le même type d'erreur avec l'extrême-gauche qu'avec le Front National Hexagon (cf. 2). Soit trop militant, soit trop rationnel, soit trop émotionnel, mais sans empathie, sans écoute, sans volonté de dialogue avec le peuple. En bref, la recette de la défaite de 2002 va, selon le LEPICE, causer une réplique similaire en 2004 (cf. 3).

En conclusion, le LEPICE indique que face à l'attitude actuelle du PSH, la réaction la plus rationnelle pour l'extrême-gauche est de donner une leçon au PSH quitte à le faire perdre en 2004. La stratégie de l'extrême-gauche est double : Il s'agit soit d'amener une inflexion gauchiste du PSH, soit une scission permettant la création d'un large pôle de gauche radicale majoritaire (cf 4). Le meilleur allié du PSH face à cette stratégie est pour le moment encore le gouvernement qui accumule résultats désastreux et décisions anti-sociales. Mais les électeurs ne sont-ils pas dégoûtés de la soupe amère de l'alternance automatique, et ne voudront-ils pas du nouveau en 2007 ?

Le LEPICE formule ensuite plusieurs propositions pour éviter le spectre de la défaite du PSH en 2007.
C'est tout d'abord à un renouvellement programmatique radical que le PSH devra sa victoire. Il devra démontrer qu'il a des propositions nouvelles et fortes sur l'emploi, la précarité, la solidarité, la sécurité, l'europe sociale, la mondialisation, le développement durable.
Ces propositions devront s'appuyer sur des analyses solides, concrètes et crédibles.
Elles devront être bâties par un processus collaboratif et un dialogue ouvert associant l'ensemble de la gauche, les partis, les associations, les syndicats, les militants et les sympathisants.
Le choix du candidat PSHogon à la présidentielle devra intervenir après l'adoption des lignes directrices clés de cette plate-forme d'alternance.

C'est à cet ensemble de conditions que les électeurs d'extrême-gauche pourront renouer avec le front unique, non pas contre la droite, mais pour une nouvelle alliance fondée sur les valeurs de la devise républicaine Liberté, Egalité, Fraternité.

Voir aussi les chroniques :
(1) "INTERVIEW : la stratégie secrète du Parti Socialiste Hexagon décryptée par son premier secrétaire François Mimolette" sur http://joueb.com/orthogonales/news/14.shtml
(2)"Le LEPICE critique sévèrement le rapport d'études du PSH consacré au programme du FNH" sur http://joueb.com/orthogonales/news/25.shtml
(3) "28 mars et 13 juin 2004, chronique annoncée de la répétition du 21 avril 2002" sur http://joueb.com/orthogonales/news/10.shtml
(4) "La réponse Express du facteur Olivier Slogancelot aux critiques PSHogones" sur http://joueb.com/orthogonales/news/28.shtml